L’environnement de travail peut être une source de distractions et d’interruptions d’ordre social ou cognitif, introduites ou non par la technologie et qui ont un impact sur le rythme de travail.
D’après Caroline Datchary, maîtresse en conférences en sociologie à l’Université de Toulouse auteur de « La dispersion au travail ».
Contrairement à la notion de dispersion habituellement acceptée – détachement « illégitime » à la réalisation de la tâche principale dans laquelle on devrait être pleinement engagé, la capacité à se disperser s’avère être décisive dans les formes de travail complexes. Sont considérées complexes les situations où la variété des tâches, l’interférence entre des activités et la forte composante communicationnelle entrent en jeu.
Chacun gère alors différemment la dispersion : par la prévention ou l’acceptation (fragmentation ou filtre), en fonction de son expérience et de ses habitudes, et développe alors de réelles compétences.
Cependant, lorsque l’exposition à la dispersion dure, elle accroit la charge de travail de façon significative et peut provoquer du mal être voire des effets négatives sur la santé. Ceci est valable pour les interruptions incessantes, le sentiment croissant des activités empêchées, la fatigue de la pression du temps et les postures corporelles induites (torsions ou étirements). D’autant qu’une grande partie du surtravail engendré par la gestion de la dispersion n’est pas reconnue par les salariés comme véritable travail alors même qu’il mobilise une énergie et un temps considérable. Les TNIC (Technologies numériques de l’information et de communication) étant à la fois facteur de dispersion et outils de gestion de la dispersion…
C’est pourquoi, afin de ne pas laisser les individus seuls face à ces difficultés, il est important d’analyser la configuration de la situation de travail dans son aspect organisationnel et technologique (équipement, maîtrise, prescriptions d’usage, concurrence entre outils…).
La représentation des situations de travail en sera alors plus proche de la réalité, donc plus légitime, grâce à la mise en visibilité de la dispersion et de la charge occasionnée.